1. |
23 KM
04:27
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Je t’attends à la clôture
À l’ombre de la vieille gare
C’est ici qu’on se mesure
À la distance qui nous sépare
Vagabonds
De plus en plus
Deux wagons
Au fil des rues
Ici, les hommes ont réuni
Le fleuve et la rivière
Ils ont cousu les champs fleuris
De 23 kilomètres de fer
Courtepointe
De mille chemises
L’avenir se pointe
Dans la vapeur grise
On porte nos cœurs pleins d’abandon
En équilibre au clair de lune
Funambule comme des chatons
On frappe les rails comme une enclume
On forge ensemble
Une histoire tranquille
Dans les coulisses
Du centre-ville
Nos doigts se rejoignent au milieu
À l’épreuve des déraillements
Rien ne freinera les amoureux
Sur les lignes parallèles du temps
Sans frontières
Insécables
Itinéraires
Inséparables
On voit les rayons du matin
Pris au passage à niveau
On regarde approcher le train
Et les graffitis sur sa peau
Embrassons-nous
Pendant que la terre tremble
Transbordons-nous
Vers la lumière ensemble
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2. |
Le poids du siècle
03:05
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Sur ton dos
Le poids du siècle
Sur ton dos, sur ton dos
Depuis cent ans
Il en a coulé de l’eau sous ton pont
Les sanglots longs des alluvions
Des tonnes d’eau qui coulent et coulent
Et coulent sous ton menton
Tes doigts de béton
Dans les mèches de limon de la rivière
Qui ne date pas d’hier
De l’hiver au printemps, elle s’écoule vers la mer
Tu résistes au courant les bras ouverts
Sans son
D’un rivage à l’autre
Samson
Tu t’écartèles
Tu retiens pour elle l’espace éternel
Entre l’aube et la nuit
Tes nerfs d’acier tendus
D’est en ouest
Alliance d’amour et d’allégresse
Entre deux rives qui se surveillent
Deux rives qui se détestaient
Depuis cent ans
Tu portes la parade de la vitesse, express
Bête de somme et cheval de trait qu’on délaisse
Les décennies sonnent
Convois et caravanes s’additionnent
Les hommes et les femmes font commerce
Le progrès qui traverse
Le compte est bon
En amont des mille roches
Maintenant que sonne la cloche
On amorce
Le tour de force
On prépare le divorce
Ils ont coupé tous les liens passés
Les ponts de bois et de glace
Même de béton et d’acier
Le temps menace
Demain ils te remplacent
Tu permets l’union des quartiers historiques
Les vieux cœurs jumeaux faits de sang et de briques
Sur ton dos, sur ton dos
Sur ton dos, le poids du siècle
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3. |
Dernier soleil
04:11
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La route te donnait des frissons atomiques
Apocalypse profonde hypodermique
La fin du monde qui fait déborder le vase
Ça fait longtemps que tu jases plus
De ce qui t'habite
Ta vie est comme un roman que tu reprends ce soir
Après 4 ans d'interruption
Tu as perdu l'histoire
Tu sais même plus
Qui sont les personnages
Toujours en voyage
Un tourbillon nomade
Seul dans ton équipe
Tu perds ta grip et tu tombes dans les tentacules
D'un mauvais trip
Les voitures passent en trombe
Comme des bombes à bride abattue
Vers la même cible au bout de la rue
C'était ton dernier soir de soleil couchant
Où sont les femmes qui aiment compter les cheveux blancs
Toi aussi tu vas vers l'explosion
Tu as toujours tourné les coins ronds
Là c'est tout droit sans rémission
Dans les rues qui n'ont même plus de voix, tu vois
Que les rues ne te laissent plus le choix, tu chois
La tête lourde dernière goutte de la gourde
Ton squelette est fait de papier
Accroché à tes souliers pour pas
Que le vent puisse te soulever
Puis t'emporter comme une enveloppe vide et déchirée
C'était ton dernier soir de soleil couchant
Où sont les femmes qui aiment compter les cheveux blancs
Coin après coin le chemin te menait pas aussi loin
Que l'eau indomptable d'un fleuve
Inconcevable de vieillir seul
Et pourtant tu te prends une autre année de solitude à la gueule
Tu as trop d'amis pour donner du temps à ceux
D'entre eux qui le veulent et le valent vraiment
Trop de chefs gâtent la sauce
Tu arrives parfois à te défaire des impressions fausses
Et de toute la pression des attentes qu'on t'impose
La tête en l'air désorganisé, tu veux juste improviser
Voir où le chaos peut te mener
Tu cherches ta petite zone quelque part au milieu du
Cyclone
Comme un gros doigt dans l'œil
C'était ton dernier soir de soleil couchant
Où sont les femmes qui aiment compter les cheveux blancs
À voir tous les deuils que t’as pas faits
Te tourner autour de la tête sans effet
‘Y en a qui ont perdu patience et tu as perdu leur respect
Maintenant respire tout l'oxygène qui reste
Seul dans ta petite cellule d'ermite qui bascule à la limite
Du ridicule qui cogite et calcule
Avec des mots pleins de barreaux
Préalables au départ au centre de lui-même
C'est toujours le même problème
La pureté et les chaînes
La dernière guerre entre l'amour et la haine
Apparaît apparaît apparaît apparaît
Et ta femme qui aime compter tes cheveux blancs
Apparaît
C'était ton dernier soir de soleil couchant
Où sont les femmes qui aiment compter les cheveux blancs
Dernier soleil...
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4. |
Station de pompe
03:16
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Au creux d’une cité d’allumettes
Des hommes songent, des hommes dorment, des hommes guettent
Ils veillent sur le cœur du quartier
Sans se méfier
Que c’est dans nos têtes que les flammes naissent
Par un soir de grandes bourrasques
Quand tombent les éclairs et quand tombent les masques
Ils se ruent dans les rues pyrogravées
Oxygénés
Ils sont à la fois la proie et l’oiseau qui chasse
Du feu au moulin
Du feu dans le vent
Du feu sur les chemins
Du feu en dedans
Le géant incendiaire qui grandit
Chaque époque a ses incendies
Du feu dans les mains
Fumée dans le sang
Les poumons sont pleins
De la braise dans les dents
Une bande téméraire aux nerfs de fer
Po-pompe l’eau dans les artères de l’enfer
La rivière qui recule
La chaleur s’accumule
Tout autour brûle brûle brûle
Ils bouffent de la cendre et des tisons
Dans la neige, la canicule et dans les foyers de nos maisons
Attente et adrénaline alternent
Dans la caserne
Le moral est fait de fonte dans la station de pompe
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5. |
Charlotte
04:04
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Charlotte
Il est minuit
Un peu de répit
Alors je t’écris
Cette note
Charlotte
Ça fait quoi déjà
Une semaine ou trois
Ou bien plus que ça
Que je galope
Charlotte
À chaque coup de canon
Je me rappelle le son
De tes palpitations
Toi, mon antidote
Charlotte
Quand viendra le temps
Je reviendrai vivant
Et je jetterai au vent
Mes lourdes bottes
On m’a conscrit pour ce long combat
On m’a arraché à tes bras
J’ai dansé dans le feu et le fracas
J’ai survécu en donnant la mort
Toi, tu as sacrifié ton corps
Tu as donné tout ton sang
À l’enfant
Charlotte
Ça fait longtemps déjà
Un siècle ou trois
Ou bien plus que ça
Que je grelotte
Un siècle ou trois
Ou bien plus que ça
Que tu es morte
Charlotte
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6. |
Ma vieille Élise
04:16
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Elle ne sait plus qui prier
Ma vieille Élise
Ses forces l’ont abandonnée
Son temps s’épuise
Maintenant plutôt que le ciel
Elle prie les hommes pour qu’ils la veillent
Ma vieille Élise, ma vieille Élise
Son perron ne porte plus
Les vocalises
De tous ses enfants venus
En belles chemises
La famille se détricote
Et plus personne n’ouvre la porte
Chez ma vieille Élise, ma vieille Élise
Sa chevelure de feu ardent
Est devenue grise
Ses frères et ses sœurs tout autant
Ont perdu prise
Devra-t-elle fermer maison
Et voir sa terre perdre son nom
Ma vieille Élise, ma vieille Élise
Pourtant, plus d’une âme elle a guidées
En temps de crise
Brillant comme une étoile blindée
Et insoumise
Les bras ouverts aux survenants
D’un peuple en grand dérangement
Ma vieille Élise, ma vieille Élise
Élise
Je t’aimerai toujours
Même si j’ai mal
Car tu t’effrites
Les saisons tombent
Comme des pétales
De marguerite
Oui, les saisons tombent
Comme les pétales
De marguerite
Ma vieille Élise
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7. |
Enterrez-moi
04:47
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Enterrez-moi au pied de la colline
Dans un tombeau
De pierres et de racines
Là, je me laisserai oublier
Sous le soleil d’hiver et sous la pluie d’été
Le corps allongé dans la campagne
De cette terre de roc et d’arbres à fruits
Les yeux pour toujours tournés vers les montagnes
Et les lointaines étoiles du pays que j’ai fui
Mais après tous les conflits, à la fin
Que restera-t-il de tous nos moulins?
La vie est remplie de mille exils
On pousse et on bouscule, on brûle des maisons
La fraternité est si fragile
Pour tous ces hommes qui hurlent entre trois nations
Mais après tous les conflits, à la fin
Que restera-t-il de tous nos moulins?
Porté par les cris et le silence
De plus de 300 hommes de plumes et de tambours
Dans la friche qui bourdonne et qui danse
Je reviens me coucher auprès de mes amours
Mais après tous les conflits, à la fin
Que restera-t-il de tous nos moulins?
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8. |
Je suis de ceux
06:00
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Ceux qui viennent
Trinquer chez toi
Te content leurs peines
Te content leurs joies
Tous les comment
De leurs pourquoi
Leur bon vieux temps
Leurs mauvais choix
Mais moi je suis de ceux
Qui vivent tout bas
Qui gardent ça pour eux
Qui ne parlent pas, qui ne parlent pas
Je m’assois dans le coin
Comme toutes les fois
Je file pas trop bien
C’est peut-être juste le froid
Je veux juste te voir
Je veux juste vous entendre
Gueuler plus fort
Enterrer novembre
Mais moi je suis de ceux
Qui vivent tout bas
Qui gardent ça pour eux
Qui ne parlent pas, qui ne parlent pas
Déjà trois heures
Faudrait que je quitte
C’est clair que je pleure
Tu le vois tout de suite
Tu fais sortir les autres
Tu m’offres de rester
Mais moi je renfile mon coat
Je voudrais pas t’ennuyer
Car moi je suis de ceux
Qui vivent tout bas
Qui gardent ça pour eux
Qui ne parlent pas, qui ne parlent pas
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9. |
Pays de grand repos
04:50
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Le bruit vert des feuilles perd déjà sa chaleur
Et l’hiver sera sévère et bien trop froid
Je viens les voir pour une dernière fois
Avant que la neige nous sépare
Pays de grand repos
Garde-les au chaud
Le vent nous emmène des mois de nuages
Parmi ces fleurs de pierre
Mon père et ma mère
Le temps les a repris dans ses bras sauvages
Les corneilles qui me surveillent reposent leurs plumes
Elles chantent chagrin dans les grands pins qui percent la brume
J’entends des enfants jouer le long du ruisseau
La vie suit son cours dans le quartier autour
Les bâtiments d’un autre temps sont tout noircis
Et les bêtes rôdent de l’aube à la tombée d’la nuit
Rien n’empêche la neige de couvrir les croix
Mon cœur en dormance attendra les lilas
Pays de grand repos
Garde-les au chaud
Le temps les a repris dans ses bras sauvages
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10. |
Thomas Hodgson Québec
Thomas Hodgson tient boutique dans les tempêtes de plumes en bordures des grand’routes. Cet auteur-compositeur-interprète québécois emprunte des sentiers peu communs et ses chansons découlent d’inspirations folk, de chanson française et de blues.
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